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Sénégal : Départ de l’armée française du Sénégal : clap de fin d’une présence néocoloniale en Afrique de l’Ouest

L’armée française

Le 17 juillet 2025 marque une date historique, l’armée française a officiellement quitté le Sénégal, dernier bastion d’une présence militaire permanente qui durait depuis l’indépendance en 1960. Ce retrait, acté par la restitution du camp Geille à Dakar et de l’escale militaire de l’aéroport de Diass, scelle la fin des Éléments Français au Sénégal (EFS), une force de quelque 350 soldats dont la mission, présentée comme du partenariat opérationnel, s’apparentait en réalité à un instrument de contrôle stratégique au service des intérêts de Paris.

Derrière les discours diplomatiques feutrés, ce départ sonne comme une expulsion déguisée. En novembre 2024, le gouvernement sénégalais avait annoncé la fin de toute présence militaire étrangère, traduisant une volonté claire de rompre avec une tutelle camouflée derrière le masque de la coopération. En réalité, cette présence prolongée de l’armée française constituait une anomalie postcoloniale, jamais totalement remise en cause pendant plus de six décennies, elle agissait comme un frein à l’émancipation stratégique du Sénégal et, plus largement, de l’Afrique de l’Ouest.

Ce retrait n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une dynamique régionale irréversible. Le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Côte d’Ivoire, et aujourd’hui le Sénégal ont tous, sous des formes diverses, mis fin à une occupation militaire étrangère qui ne disait pas son nom. Car derrière les soi-disant missions de sécurité, de formation ou de coopération, c’est bien la mainmise de la France sur les décisions sécuritaires, politiques et économiques de ses anciennes colonies qui était en jeu.

Durant des années, la France s’est arrogée le rôle de « gendarme de l’Afrique », intervenant à sa guise, installant ses bases, contrôlant les espaces aériens, influençant les gouvernements, sans jamais rendre de comptes aux peuples africains. Cette posture arrogante, paternaliste et intrusive a fini par susciter un rejet massif. Les peuples réclament leur souveraineté pleine et entière, et les régimes désormais en place, qu’ils soient civils ou militaires, traduisent cette exigence populaire dans des actes concrets, la rupture avec la France comme puissance de tutelle.

Le retrait français du Sénégal vient clore une époque de domination militaro-politique, mais aussi ouvrir une page nouvelle, celle de la souveraineté retrouvée. Ce n’est pas seulement un départ logistique c’est la fin d’un système, d’une logique impérialiste, d’un rapport hiérarchique imposé depuis Paris. Les bases tombent, les drapeaux français descendent, mais ce sont surtout les chaînes mentales de la soumission stratégique qui se brisent.

L’Afrique de l’Ouest, en se libérant de la présence militaire française, fait un choix historique. Celui de ne plus se laisser dicter sa politique sécuritaire par un ancien colon devenu intrus. Celui de se tourner vers des partenariats choisis librement, équilibrés, ou encore vers une coopération sud-sud plus respectueuse. Celui, surtout, de reprendre le contrôle de son avenir.

La France, quant à elle, est désormais contrainte de faire face à une réalité qu’elle a longtemps ignorée, le temps de la domination est révolu.

Kaki ✍🏼

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